BIO

Stephan Laplanche est né en 1970, vit et travaille à Paris.

Expositions personnelles

2018 : galerie Pierre Hallet, Bruxelles, Belgique.
2016 : galerie Pierre Hallet, Bruxelles, Belgique.
2014 : galerie Pierre Hallet, Bruxelles, Belgique.
2013 : galerie _Blank, Bruxelles, Belgique.
2009 : galerie Deneulin, Barraux, France.
2008 : galerie Arts Expression Libre, Paris, France.
2007 : Printemps français, musée des beaux-arts de Kharkov, Ukraine.
2007 : Institut français d'Ukraine, Kiev, Ukraine.
2006 : espace Adue, Verviers, Belgique.
2006 : galerie MDZ, Knokke, Belgique.
2004 : galerie MDZ, Knokke, Belgique
2004 : galerie Prince de Condé, Spa, Belgique.

Principales Expositions de groupe

2015 : InSitu, galerie ArtFloor, Paris, France.
2011 : galerie Nicolas Plescoff, Paris, France.
2011 : (e)merge art fair, Honfleur Gallery, Washington DC, USA.
2010 : AAF, Honfleur Gallery, New York, usa.
2010 : galerie ArtFloor, Paris, France.
2008 : Métamorphoses érotiques, La Raffinerie, Montreuil, France.
2009 : galerie ArtFloor, Paris, France.
2006 : galerie Prince de Condé, Spa, Belgique.
2005 : salon de peinture de Dourdan, France.
2004 : Lineart, galerie MDZ, Gand, Belgique.

Prix Artfloor/MasterCard 2010.
2012 : résidence d’artistes, Arch/Honfleur Gallery, Washington, usa.


Ma peinture

Historiquement, ma peinture s’apparente à l’expressionnisme abstrait américain. 
Il s’y colle des signes graphiques, des repentirs, des figures abstraites, des lignes ou des hachures. Elle est le résultat de mon implication dans la peinture et de ma perception du monde. Elle suit mon intuition, une inclinaison parfois sourde parfois limpide qui répond à une attirance, à une préoccupation de dire « quelque chose » sur la toile. Formellement traditionnelle, je prends le pari qu’elle peut être personnelle, forte et contemporaine, neuve.

Je peins depuis plus de 25 ans. Et je dessine depuis toujours. Au début: des attaques d’indiens, des assauts de château-forts, des monstres, des plongeurs sous-marins, dessinés allongé dans le salon ou mal assis en classe, en cachette, sur des dizaines de petits carnets à spirale. Un peu plus tard j’ai suivi un atelier de peinture. Là: des pommes, des pots, des tissus, des femmes nues, au fusain sur du papier de bonne qualité. J’ai appris l’observation, la composition, les valeurs, le rythme, la matière, se tromper, regarder mieux, corriger, travailler et être heureux de travailler.

S’en sont suivies la peinture à l’huile, sa matière, la couleur. 
A ce moment-là, j’ai rencontré beaucoup de peintres: Paul Klee, Egon Schiele, Karel Appel, Bram Van Velde, Pierre Bonnard, Cy Twombly, Michel Basquiat, Fra Angelico, Henri Matisse,… Avec bientôt la certitude de vouloir peindre ou dessiner sans savoir trop ni quoi ni comment, mais « faire » du dessin ou de la peinture.

J’ai étudié la sculpture puis l’illustration et la gravure. J’ai commencé à dessiner des ouvrages pour la jeunesse, très colorés. Parallèlement à ce métier, je peignais des grands tableaux abstraits très libres, des autoportraits, quelques portraits d’amis, des signes, des taches de couleur et toujours beaucoup de modèles vivants. La peinture a pris une place de plus en plus grande, la couleur y est devenue centrale - en 1912 Apollinaire parlait d’orphisme et de langage lumineux à propos de Delaunay, identifiant la peinture à un acte poétique. Dans la foulée, les peintres américains des années soixante ont proposé des pistes et ouvert des libertés: Clifford Still, Willem De Kooning, Marc Rothko, Sam Francis, Joan Mitchell, Jackson Pollock, Helen Frankenthaler, Jasper John, Morris Louis, Richard Diebenkorn…

Enfin, la peinture a pris toute la place et « peindre » est devenu primordial. J’ai pensé que le jeu en valait la chandelle: s’y donner une respiration et s’y forger un moyen d’expression personnel. Une peinture dans laquelle je puisse me sentir chez moi, avec sa charge émotionnelle propre, son souffle. La couleur et le dessin sont les outils de ce langage, comme depuis toujours.

Pendant 10 ans, mes toiles sont très construites, presque urbaines, composées en grandes masses colorées juxtaposées, telles des murs de briques plus ou moins bien agencés, plus ou moins régulières, mais toujours avec des traces, des coulures, un témoignage du travail en cours, une notion du temps écoulé. Les couches successives appliquées à la spatule viennent découvrir par accident un trait, perforateur ou voilé, perturbant l’équilibre dont les masses définissent l’assise et le rythme.  Il y a aussi beaucoup de matière, générée et enrichie par ces couches successives, une matière, l’huile, qui est toujours vivante… J’accorde aussi une attention particulière à la matière, à ses propriétés, à sa technique, la viscosité et la chaleur de l’huile (ou le velouté et l’odeur de la gouache) a son importance. Pour garder l’énergie avec cette peinture, il faut la travailler comme si elle ne finirait pas. C’est l’organisation d’un équilibre instable, une ligne de crête où la peinture tient, entre le risque de se fermer et celui de s’éparpiller.

Dans le même temps que cette peinture me permet un certain ordre et un usage sans modération des couleurs, mon envie de dessin, originelle, reste alimentée par des travaux à la gouache, à l’encre ou à l’aquarelle. Soit des graffitis abstraits, soit des portraits, des caricatures ou des dessins érotiques, bruts, plus lyriques, plus graphiques, plus jetés, gardant en vie le plaisir de dessiner de l’enfance et l’émerveillement de toujours pouvoir renouveler ce plaisir (« toujours à la limite du barbouillage le plus immonde et misérable et du petit miracle » disait Dubuffet). 

Petit à petit, j’ai (ré)instauré dans mes toiles des éléments graphiques disparates sans que la masse colorée ne l’emporte sur le trait, sur la « trace ». Sur certaines peintures, notamment les gouaches récentes, ce sont ces traits, ces courbes imbriquées les unes aux autres, qui par leur répétition et leur emplacement composent le tableau, par enchevêtrement, elles forment un réseau.

L’espace si déterminé du tableau permet étonnamment à chaque fois au peintre de prendre des libertés nouvelles, à sa mesure. Chaque avancée, même minime, active des champs nouveaux, des sensations nouvelles, sources à leur tour d’avancées nouvelles et ainsi de suite. 

Par la suite, le format, la position du corps, la respiration, l’implication, deviennent des d’éléments déterminants et d’autres peintres, d’autres « postures » viennent nourrir mon travail. Shitao ou Li Shan, Oscar Kokoschka, Joseph Beuys, Simon Hantai, Hans Hartung, Asger Jorn, ou François Rouan, Pier Kirkeby, Raymond Pettibon,…

Au fil du travail, une écriture se fait jour, elle est composé de taches, d’entrelacements et de tracés colorés. Une unité apparait en traitant avec la même intention le dessin et la couleur. L’image qui en résulte m’importe peu si cette image ne rend pas compte d’un influx, si je n’ai pas l’impression qu’elle est vivante. Ce monde multiple se construit au fur et à mesure entre l’unité désirée et le chaos réel du travail. Au début, c’est toujours le bordel… C’est comme si plusieurs longueurs d’ondes différentes se juxtaposaient ou s’affrontaient pour n’en former qu’une seule, plus complexe certes, mais plus puissante - il s’agit alors d’être attentif à ces vibrations parfois inattendues, à ce que propose la toile elle-même tout à coup et de s’en servir pour continuer à la maintenir en vie. La sérendipité est un principe actif en peinture. Et toujours ce désir de résoudre l’équation!

Je vois maintenant la toile comme l’espace iridescent d’un monde en construction, composé de différents éléments graphiques, où les couleurs et les rythmes se répondent, s’annulent, se renforcent ou se perdent. 

La peinture est à la fois le lieu d’une réalisation personnelle et un vecteur de transmission. Transmission d’émotions et langage pictural dont je souhaite qu’il restitue en couleurs et en forme ma perception du monde actuel.



S. Laplanche 2016

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